Publié le 16 juin 2004 - Par Frédéric Guégan

Isabelle Madelaine: Dharamsala, un nom magique pour du beau cinéma

N- Bonjour Isabelle. Tu me reçois dans cet espace magnifique où tu as installé ta société et qui se nomme joliment LA MAISON.
De quand date la création de ta société de production Dharamsala ?

I-D’Avril 2001

N- De quelle promo du DESS es-tu issue ?

I-J’en suis sortie en 1995 et mon envie de produire était déjà là depuis longtemps. Allez, j’ose : « Quand j’étais petite… ! ». C’est vrai qu’à l’adolescence, j’ai vu certains films en salles qui m’ont vraiment marquée et m’ont donné envie d’aller vers les métiers du cinéma et plus particulièrement celui de producteur, même si je ne savais absolument pas à quoi pouvait ressembler la réalité de ce métier.
Bien plus tard, en passant du fantasme à la réalité, j’ai compris que ma place était bien là.

N- Après le DESS, comment les choses se sont-elles enchaînées ?

I- J’avais fait une école de commerce avant le DESS. Pendant mes études, j’avais effectué un stage chez GAUMONT pendant 6 mois au contrôle de gestion. J’avais 21 ans. Expérience qui m’a permis de me rendre compte de 2 choses :
– que les grandes structures n’étaient pas pour moi un lieu idéal d’épanouissement
– qu’un poste de gestion, trop éloigné de la création, n’était pas tout à fait ce qui me correspondait
Pour la petite histoire, Daniel Sabatier me voyait tellement comme une jeune femme de chiffres qu’il ne m’orientait que vers des postes de cette nature !

Pour changer de la gestion, je suis allée dans une autre direction pour mes première expériences en sortant du DESS : Je suis entrée en stage chez Ciné-Cinémas pour travailler aux côtés d’une ancienne, Myriam Hacène. De là, j’ai rebondi vers MEDIALABqui m’a embauché.

Je fais ainsi ma première expérience de terrain avec un suivi complet de la production d’effets numériques depuis le premier dépouillement du scénario jusqu’à la livraison des plans truqués finalisés. Je me confronte à une approche concrète de la fabrication et de la post-production.
J’occupe ce poste à MEDIALAB pendant 2 ans 1/2.

C’est alors le moment de faire le grand saut dans la production.
J’ai la chance de rejoindre «  »FIDELITE}} au moment où les producteurs Marc Missonnier et Olivier Delbosc se lancent dans le long-métrage et s’apprêtent à sortir SITCOM de François Ozon.
Ainsi, je prends en charge la production de court-métrage pendant 2 ans 1/2 avec une totale autonomie. C’est presque comme si j’avais un peu ma structure.

N- Comment se font les premières rencontres avec les réalisateurs ?

I- Par le scénario puis les festivals qui me permettent de rencontrer les auteurs et réalisateurs.

N- Tes premières productions ?

I -En fait, les 2 projets avec lesquels je me lance ont été initiés par Marc et Olivier. Il s’agit des « Mésaventures d’Alfred le crapeau », série de 5 films courts dont je produirai les 5 suivants puis de «A corps perdu » de Isabelle Broué.

N- Et tes premiers « bébés »?

I-C’est « Peau de vache » de Gérald Hustache-Mathieu. J’ai rencontré Gérald en juin 1999. Il venait me demander conseil sur un contrat qu’il était sur le point de signer avec un producteur sur son projet. Mais nous avons eu un vrai coup de foudre professionnel ! Il me laisse son scénario que j’aime beaucoup et revient une semaine plus tard avec un bouquet de marguerites ! En fait, il m’a finalement choisie comme productrice.

Le tournage s’est déroulé en Normandie (avec vaches et Marguerite, forcément !). Le casting a duré très longtemps et nous n’avons choisi notre héroïne, Sophie Quinton qu’à la toute fin. La directrice de casting, Emmanuelle Prévost l’avait repérée dans un court-métrage de l’ADAMI réalisé par Emmanuel Finkiel. Lorsque nous l’avons rencontré, c’était l’évidence ; C’était elle…

N- Le film a fait une carrière fantastique !

I Oui ! 50 sélections dans les festivals, 25 prix dont le César du court-métrage en 2003, le Grand Prix du jury en compétition européenne du festival Premiers Plans d’Angers, le Prix de la meilleure œuvre de fiction, celui d’interprétation féminine et la mention Prix Jeune à Clermont-Ferrand, le Grand Prix au Film Awards à Los Angeles…

N- Quelques autres films alors ?

I Un film que j’aime beaucoup : « Une vie d’ici » de lionel Mougin.

Et puis, j’ai eu envie, après ces 2 ans 1/2 chez FIDELITE, d’aller vers le long-métrage et de développer certains auteurs que j’appréciais.

Ainsi, en Avril 2001, je crée DHARAMSALA et obtient la bourse producteur de cinéma de la Fondation HACHETTE.

N- La fidélité à Gérald Hustache-Mathieu se confirme.

I Après le succès de « Peau de vache », j’ai demandé à Gérald d’écrire un traitement de long pour le dossier de la fondation HACHETTE ; C’était déjà le 1er traitement des « Poils du pinceau » dont je suis en train de monter le financement aujourd’hui.

Avant de nous lancer dans ce long, nous avons fait un moyen-métrage de 48 ‘, « La chatte andalouse », toujours avec Sophie Quinton. Ce film a remporté un succès public incroyable, surtout pour un film de ce format.
Dès le 1er Festival où il est présenté, à Brest, il remporte le Prix du Public. Ce sera le début d’une longue série pour ce même Prix, à Clermont, Pantin, Belfort, Vila do Conde, Grenoble etc…Le film a été nominé aux Césars 2004.

N- « LA chatte andalouse » abordait déjà les thèmes que nous retrouvons dans « Les poils du pinceau »

I Oui, le thèmes de la vocation et celui de la création artistique notamment.

N- Comment avez-vous développé le long, « Les poils du pinceau » ? Avez-vous fait appel à des scénaristes extérieurs ou à d’autres regards ?

I Gérald a d’abord écrit seul et je me suis énormément impliquée également. Kristel Mudry, scnénariste de télévision notamment est intervenue plus tard.

N- Avez-vous obtenu des aides pour développer le film ?

I- L’aide au développement du CNC.
Et puis, nous avons eu la chance de faire partie des projets retenus par EMERGENCE ce qui nous a permis de tourner 2 scénes du film avec les comédiens (Sophie Quinton et Clément Sibony notamment).
Nous venons également de recevoir une réponse positive de la région PACA en attendant la réponse de l’avance sur recettes du CNC .

N-Le fait d’être une jeune femme productrice est-il neutre ou pas ?

I-J’avoue que je ne me suis jamais posée la question ! Donc, disons que les avantages doivent s’équilibrer avec les inconvénients !

N- Quelles sont les autres productions récentes de DHARAMSALA ?

I-Nous avons tourné un moyen-métrage réalisé par Lyes Salem en Algérie et en langue algérienne, « Cousines ». Le film a reçu le PRIX ATTENTION TALENTS de la FNAC au dernier festival de Clermont-Ferrand. Il commence une belle carrière en festivals en France et à l’étranger.
Le film a été diffusé sur France 2 le 10 Février.

N- Une question qui a du souvent revenir : Pourquoi avoir baptisé ta structure « DHARAMSALA » ?

I C’est drôle, quand on cherche un nom de société, on est sûr d’avoir l’idée originale, l’inédit ! Et puis on découvre que le nom est déjà déposé. Un jour, un ami me propose ce nom, Dharamsala, celui d’une ville du Nord de l’Inde aux portes de l’Himalaya et j’ai trouvé qu’il sonnait comme une formule magique, et voilà !

N- Comment fonctionne ta structure ?

I Nous sommes en équipe très réduite ! J’ai toujours un stagiaire à mes cotés et je viens d’engager EmilieTisné qui va s’occuper des courts-métrages. Elle termine la FEMIS en production, pour la petite histoire elle avait été également reçue au DESS.

N- Les perspectives pour ta société ?

I Le long-métrage est très important, on aimerait tourner le film de Gérald en Septembre 2004.
Mais en parallèle, nous continuons le court avec 3 projets en développement.

N- Pour finir, quelques questions plus ludiques !

– Tes films fétiches ?
– « Il était une fois en Amérique », « Amadeus », « Hannah et ses sœurs » et « Les liaisons dangereuses » découverts au cinéma à l’adolescence.

– Des acteurs ?
– Romy Schneider !

– Des romans ?
– Tout Stefan Zweig avec un coup de cœur pour « La confusion des sentiments »
Je citerai aussi une lecture d’adolescence marquante « A l’est d’Eden » de Steinbeck et plus récemment « Aurélien » d’Aragon.

– ta couleur préférée ?
– Le noir, sans hésitation !

– Tes inspirations musicales ?
– Dans les choses calmes, Lhassa par exemple ; Mais pour danser, la Funk, la Soul.
– Le matin, j’écoute toujours la radio et il y a toujours un morceau qui me fait danser dès le matin !

MILLE MERCIS ISABELLE !

Entretien réalisé le 27 Janvier 2004 par Nathalie Abravanel

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