Cela fait maintenant quelques années que l’Internet, et plus particulièrement les réseaux sociaux, prennent du « temps médias » sur une consommation audiovisuelle qui s’amenuise et sur un public de plus en plus large. On observe en effet une croissance de 22% dans le nombre de visiteurs uniques entre août 2006 et août 2007 et une chute de 2 minutes sur le temps total passé devant la télévision sur les 15/24 ans par exemple.
‘En segmentant l’audience, les réseaux sociaux prennent le pas sur le côté fédérateur des chaînes et des autres médias traditionnels. Ceci constitue un risque pour les chaînes généralistes et semi-généralistes dont l’audience s’affaiblit’, précise en introduction Jérôme Chouraqui, Président du MediaClub et modérateur du débat.
Qu’est-ce que les professionnels des médias ont à apprendre de ces réseaux ? Est-ce une menace ou une opportunité pour eux ? Doivent-ils essayer de s’en protéger ?
Les réseaux sociaux sont une formidable opportunité… y compris pour les médias audiovisuels traditionnels
Claire Gemouty, Auteur (« Bienvenue sur Facebook », sortie le 16 avril prochain chez Albin Michel), reste persuadée que les valeurs portées par le Web aujourd’hui représentent l’avenir des médias traditionnels. Sur Facebook, le pouvoir appartient aux internautes.
Giuseppe de Martino, SVP & General Counsel de Dailymotion, sent que les choses évoluent : les médias viennent désormais d’eux-mêmes vers Dailymotion (et autres plateformes du même type).
Anthony Zameckowsky, Strategic Partner Development Manager de Google video/Youtube précise que Facebook est une opportunité pour tous! Google mise aujourd’hui sur une ouverture du Web et se veut au service des créateurs de contenus. »Nous voulons donner la liberté aux créateurs de diffuser leur contenu ». Selon lui, les réseaux sociaux représentent une opportunité pour les médias classiques. En effet, quelques percées se font sentir chez certains producteurs et chaînes qui utilisent les réseaux sociaux comme canal de promotion. YouTube par exemple permet des interactions entre les chaînes, les programmes et les spectateurs. On peut revoir ses programmes et donner son avis. »C’est le Youtube Effect », comme il l’appelle.
Pour Claire Leproust, Directrice des Développements Numériques de CapaTV, le Web présente et présentera de nouvelles opportunités pour la production et notamment la fiction. Selon elle, ces réseaux représentent une véritable source d’information pour les journalistes et les producteurs car ils leur permettent de trouver des »fixeurs » qui enquêtent sur le terrain pour eux. Les Motions Makers représentent 4000 personnes et 3000 vidéos. C’est un véritable vivier pour les médias.
Ne va-t-on pas tout de même assister à un mariage évident entre médias traditionnels et nouveaux acteurs ? »il y a un vrai besoin de contenus et de créativité. Les diffuseurs et les réseaux sociaux sont complémentaires car ces derniers apportent de l’interactivité, du feedback comme en témoignent les commentaires, le système de note avec des étoiles et les transferts », précise Claire Leproust.
Pascal Dasseux, CEO de Havas Digital et investisseur dans les médias, estime qu’il y a une véritable complémentarité avec la catch-up TV, déjà bien présente sur le marché US : ABC diffuse ses séries sur le Web 1h après la diffusion TV avec un message publicitaire de 20 secondes de pub avant. CBS a utilisé sa plateforme pour promouvoir des shows afin de récupérer des internautes et les renvoyer vers la télé. Les réseaux sociaux servent de relais.
Un nouveau modèle publicitaire
Le marché de la publicité est révolutionné par les réseaux sociaux et ses techniques et technologies de data mining associées (cf. le programme »beacon de Facebook »).
Pascal Dasseux rappelle que l’investissement publicitaire des annonceurs dans le Web est en constante progression. Le happening, un gros phénomène Internet, entraîne en effet un déplacement des budgets publicitaires TV pour les formats courts Internet. De plus, la suppression de la publicité sur les chaînes publiques profiterait d’ailleurs plus aux Web et aux chaînes de la TNT qu’aux autres chaînes. Le problème qui se pose selon lui est le manque d’offre !
Il faut réinventer la publicité en rapport avec les internautes, c’est l’opportunité de réfléchir à de nouveau modèles ! C’est justement ce qu’Anthony Zameckowsky précise en rappelant que les réseaux sociaux sont financés à 100% par la publicité. »Nous cherchons un modèle non intrusif, qui respecte l’utilisateur : la publicité est activée par l’internaute, on lui laisse le choix de cliquer ou non ». Ainsi, 27 personnes travaillent au sein de la régie pub de Dailymotion et proposent 6 formats d’écrans publicitaires différents pour les annonceurs dans le cadre de partenariats, le but étant de proposer un maximum de contenus labellisés pour attirer et fidéliser les annonceurs.
La lutte contre la piraterie
»Il y a une vraie synergie pour lutter contre la piraterie avec plusieurs systèmes de détection comme le fingerprinting (signature numérique) grâce à un accord mondial avec Viacom et les grands studios comme Disney » rappelle Giuseppe de Martino. Ces outils de protection technologique existent et sont mis à disposition … gratuitement !
De son côté, Youtube s’investit également dans la lutte contre la piraterie avec le videoID et veut collaborer avec les ayants droits. »On sait qu’ensemble on est plus fort pour lutter contre la piraterie » rajoute Anthony Zameckowsky.
Un grand merci à notre partenaire, HSBC, pour avoir accueilli ce débat qui a connu un très fort succès.
Quelques photos, témoignage de cet événement sur