Julien Tricard
M6
Nathalie – Bonjour Julien. Si j’ai eu envie de te rencontrer aujourd’hui, c’est pour le travail que tu as effectué sur la série 26′ « Ma terminale », diffusée depuis peu sur M6 en semaine à 17h15…et que cette série bouleverse pas mal l’écriture du genre…
Julien – J’aimerais juste te faire un tableau de mon parcours avant mon arrivée à M6, qui donnera une vision globale du chemin qui m’a mené au service des productions de fictions d’access et des co-productions internationales de M6.
M6, j’y avais déjà fait un vrai passage en 1998 en tant que lecteur, tout particulièrement de projets de 52′. En fait, mon goût pour les séries parfois atypiques m’a permis de vite analyser des projets dits « impossibles » !
C’est à la suite de cette expérience que je me suis présenté au DESS sur les conseils de ma patronne d’alors (et d’aujourd’hui !), Roselyne Brandford Griffith avec, déjà, l’ambition de travailler dans le secteur de la production.
Le DESS terminé en 2000, j’ai eu la chance d’effectuer un stage au sein de l’équipe qui a créé la première chaîne de TV hertzienne locale à Tahiti !IMCA (Pascal Josèphe) avait à l’époque un contrat avec le gouvernement polynésien pour la création de cette chaîne. Aujourd’hui, la chaîne, TNTV, existe bien sur le sol polynésien.
Après le stage, Pascal Josèphe m’embauche à IMCA où je travaille 2 ans en tant que chargé d’études puis en tant que consultant.
Je travaille par ex. sur le concept d’NRJ TV et effectue avec Alain Modot une
étude pour la Commission européenne sur l’économie du cinéma en Europe (cf références précises à mentionner).
En quittant IMCA, j’ai un projet musical : l’envie de faire un disque, tout simplement !
Je reviens parallèlement vers Roselyne à M6 pour voir si je peux reprendre mon travail de lecteur. Or… elle me propose de m’intégrer dans son équipe ! Trop alléchant: je ne peux pas refuser !
Et voilà, depuis 2003, je fais donc partie du service des coproductions day-time et des coproductions internationales.
Je commence en tant que chargé d’études avec le souhait d’aller vite vers le programme.
L’équipe dirigée par Roselyne est composée de deux conseillers de programmes: Sébastien Pavard et Julien Dewolf. A leurs côtés, le travaille sur différents projets et lis les différentes propositions. Je gère également les lecteurs du service.
…Et nous arrivons à « MA TERMINALE »}}, le propos de notre rencontre !
N- Quel producteur vous a proposé ce projet atypique ?
J- C’est ALP (ex filiale du Groupe Canal+), société productrice de flux (Fort Boyard, Popstar…) qui décide de se lancer pour la 1ère fois dans la fiction par l’intermédiaire du producteur Denis Mermet. L’idée clé est de marier un producteur exécutif de fiction, Bertrand Cohen et un réalisateur de documentaires, Stéphane Meunier, réalisateur entre autres du remarquable « Les yeux dans les bleus ».
Nous sommes alors début 2004.
N- Quels sont les éléments qui vous ont séduits ?
J- L’innovation. Nous souhaitions être les premiers sur un créneau tout en créant une bande de jeunes comédiens attachante et très identifiée M6.
Il s’agit d’un vrai challenge en terme d’image.
La cible du projet était également parfaitement adaptée à la notre puisqu’elle visait autant les jeunes que les « ménagères ». En effet, nous pensions que « MA TERMINALE » comportait 3 aspects propres à intéresser ces dernières : un effet nostalgie (« ah, mes années lycée ! »), un intérêt certain des mères d’ ados (« comment vivent mes enfants à l’école? »), et les plus jeunes (« c’est vraiment comme ça que ça se passe en Terminale? »)
En terme d’image, la presse nous soutient de manière très positive et unanime. De Télérama à Télé 7 Jours en passant par Le Monde (couverture du supplément radio-TV consacré à la fiction dédiée aux ado) ou le Film Français (couverture également), l’accueil est très enthousiaste.
N- Et comment réagissent les téléspectateurs ?
J- La 1ère semaine, l’audience a été en dents de scie. La case de 17h15 est très difficile. Avant « MA TERMINALE », M6 diffusait Génération Hit qui vise une cible plus âgée. De plus, TF1 a programmé la série « Dawson » juste en face : la concurrence est donc rude !
– N : Et la production de la série ?
– J : 25 épisodes ont été tournés. Si la série réussit son pari dans cette case, ce sera très bon signe !
Pour moi, travailler sur cette série est passionnant en tous points : il ne s’agit pas d’une fiction classique avec ses codes déjà établis. On doit inventer quelque chose. Pour créer ce réalisme propre à la série (les lycéens sont incarnés par de vrais jeunes comédiens), il a fallu un travail d’écriture très exigeant ainsi qu’une réflexion très poussée sur le casting. J’ai donc énormément appris grâce à ce projet.
Les conditions de productions étaient assez difficiles, puisque nous disposions d‘une journée pour mettre en boîte chaque épisode de 26’ ! Un vrai pari !
Le tournage a été effectué dans la chronologie, option nécessaire pour coller au concept de réalisme et d’évolution des personnages. Il a eu lieu dans un lycée en Charentes-Maritimes avec 2000 figurants entourant notre équipe de brillants comédiens en herbe.
Il s’est étalé sur 2 mois et c’est 2P2L autour de Stéphane Meunier qui a effectué le travail de postproduction.
– N : De manière plus générale, en quoi a consisté ton travail au sein de M6 ?
_ J : A faire le lien entre notre service et les autres services en interne : communication, site internet, promotion, autopromotion… L’enthousiasme que nous avons rencontré au sein de la chaîne et l’énergie que toutes les personnes impliquées ont mis au service du projet ont été de vraies récompenses. Je peux dire qu’une impressionnante synergie s’est mise en place à M6.
Pour conclure sur « MA TERMINALE », j’espère que nous ferons une saison 2 ainsi que d’autres projets de ce style émanant pourquoi pas de cette équipe de prod épatante. Plusieurs déclinaisons de cette série sont envisageables.
Plus généralement, nous travaillons depuis 2-3 ans autour de Roselyne et avec Julien Dewolf à relancer la mécanique des coproductions internationales dans une donne de marché qui a considérablement évolué: le déclin de la syndication US au profit du câble et la crise du secteur de la production au Canada sont des facteurs qui expliquent que notre schéma habituel de co-production ne fonctionne plus aussi facilement qu’avant. Nous sommes amenés à imaginer des stratégies innovantes pour développer de nouveaux projets, ce qui est particulièrement enthousiasmant.
De plus, LEA PARKER, série aventure d’access prime-time produite par « & associés » continue sur sa lancée et nous sommes en tournage de la 2ème saison. Dans un an, nous aurons 50 épisodes. Et la deuxième saison de MEME AGE MEME ADRESSE est diffusée en ce moment tous les mercredis après midi depuis deux semaines.
Selon moi, il existe encore de nombreuses hypothèses et options à prendre sur la fiction française qui ne sont pas résolues autour du développement des séries 52′, de l’avenir des 90′ et des 26’…
Mais cela pourra faire l’objet d’un autre débat !