Nous avons eu le plaisir d’organiser le 14 avril dernier à la Scam (Société civile des auteurs multimédia) une table ronde autour de la thématique : “ Faut-il être une femme pour réussir dans le documentaire de société ? ”en compagnie d’Andrea Rawlins – Productrice et Réalisatrice, CAPA; Mélissa Theuriau – Productrice et Fondatrice, 416 Prod & Renaud Allilaire – Directeur des Documentaires Société et Géopolitique de France Télévisions.
Cette rencontre s’inscrit dans notre série d’événements “Elles prennent le pouvoir dans les médias” et a été modérée par Alexandra Crucq (Secrétaire Générale du médiaClub’Elles) et Florence Sandis, notre Présidente.
Karine Dusfour, membre du conseil d’administration de la Scam et réalisatrice a présenté les missions et objectifs de la Scam, puis la mise à jour de l’étude “Egalité Femme-Homme chez les auteurs et autrices”.
Pourquoi les femmes sont-elles plus nombreuses à réaliser ou produire des documentaires de société ?
Le documentaire de société n’est pas toujours considéré comme assez noble en comparaison avec le documentaire historique ou le documentaire scientifique par exemple. Longtemps moins prestigieux et moins exposé (le plus souvent dans des cases de 2ème partie de soirée), c’est depuis récemment que l’on retrouve certains documentaires de société aussi en prime time.
Andréa Rawlins : « Quand j’ai commencé on m’appelait « La blouse blanche », car réaliser des documentaires de société n’était pas assez noble et encore moins exposé que d’autres documentaires. On ne me le dit plus aujourd’hui. Mes personnages, je les aide à se réparer ».
Mélissa Theuriau, pour sa part, s’attache à « rendre visible les invisibles ». C’est le fil rouge de son travail qu’elle tisse depuis ses débuts de productrice, avec en sujet de prédilection la protection de l’enfance : “c’est politiquement que nous pouvons faire bouger les lignes”.
Plusieurs extraits de documentaires ont été projetés dont “Souffre-douleurs, ils se manifestent”, “Itinéraire d’un enfant mal placé” et “Homo en France”. A travers leurs titres évocateurs, ces documentaires abordent des sujets que l’on peut considérer comme des “angles morts de la société”.
Évidemment, les sujets ont évolué avec la société. Andrea Rawlins : “Avant, le viol et le féminicide étaient traités comme des faits divers (exemple de la couverture de la mort de Marie Trintignant). Aujourd’hui l’intime est devenu politique ».
Andréa transforme d’ailleurs ses protagonistes en lanceurs d’alerte, sortant du film constat pour aller vers des films plus engagés.
Tous constatent que le documentaire géopolitique est, pour sa part, devenu sociétal à l’exemple d’« Enfants de Daesh, les damnés de la guerre » primé aux International Emmy Awards d’Anne Poiret, « Afghanes » de Solvène Chalvon-Fioriti, ou encore « Wagner l’armée de l’ombre de Poutine » d’Alexandra Jousset (que nous avions reçue) & Ksenia Bolchakova, couronné par le prix Albert Londres.
Enfin, Renaud Allilaire a partagé avec nous les fourchettes de budgets sur les différentes cases de France Télévisions, plus élevés pour les documentaires scientifiques (plus d’effets spéciaux) et historiques (coût des archives) que sur les documentaires de société… où les femmes sont les plus nombreuses.
A la question comment faire pour que les choses changent ? “Plus de films en prime time ! Un festival du film de société ?”, propose Andrea Rawlins.