Nous avons eu le plaisir de co-organiser le 14 septembre dernier, lors du Festival de la Fiction de La Rochelle une table ronde autour de la thématique “Intelligence Artificielle (IA) et narration” en compagnie de Jean Marc Auclair, auteur et producteur chez Alauda Films 2 et Mediawan, Marianne Carpentier, Chief innovation & technologies Officer chez Newen Studios, Anna Fregonese, scénariste, Directrice de collection et Présidente de La Guilde française des scénaristes, et Victor Storchan, Lead AI/ML Research and Product Mozilla.ai et Isabelle Repiton, journaliste économique / Médias d’Écran Total.
Lors de cette table ronde organisée en partenariat avec le médiaClub (Jérôme Chouraqui) et Écran Total, différents thèmes ont été discutés : l’impact de l’IA sur notre façon de travailler et sur les biais sexistes, les compétences créatives de l’IA, ainsi que les enjeux juridiques que son utilisation entraîne.
Selon nos intervenant.e.s, il ne faut pas craindre l’IA, mais plutôt savoir l’apprivoiser pour l’utiliser comme un outil au service de l’humain, tout en gardant une vigilance, notamment sur les questions d’éthique mais aussi en raison des limites qui restreignent aujourd’hui l’IA, sur le plan du processus créatif.
La majorité de nos intervenant.e.s estime que l’on n’écrit pas avec l’IA seule. Bien qu’elle facilite la rédaction d’un scénario ou la création d’un personnage, elle ne peut pas remplacer l’écrivain.e entièrement puisque seul un être humain saurait relater et identifier la complexité psychologique et mettre en relief les singularités des caractérisations des personnages.
Par ailleurs, l’utilisation exponentielle de l’IA pose d’importantes questions juridiques notamment concernant la chaîne des droits et plus précisément la propriété intellectuelle.
Concernant les biais sexistes, si l’IA perpétue certains mécanismes, (comme l’écriture au masculin systématique pour certains correcteurs), elle peut aussi être utilisée pour développer des solutions en repérant certains de ces biais dans les scripts (comme le genre ou l’âge) afin de les amoindrir et d’en découvrir d’autres.
Toutefois, sur des aspects plus techniques, elle se révèle très intéressante, par exemple pour la présentation visuelle d’un pitch.
En outre, la spécialisation de l’IA, au profit d’IA “expertes” permet le traitement de certaines tâches comme dresser plus rapidement un dossier de financement.
En somme, l’évidence de l’IA nous pousse plutôt à l’accueillir, à apprendre à l’utiliser (“Mille Sabords” dispense d’ailleurs une formation dans ce sens pour la première fois en automne 2023), tout en appréhendant ses limites.