Le marché de l’audiovisuel français est en constante évolution, confronté à des défis majeurs liés à la transformation numérique, à la mondialisation des contenus et aux nouvelles dynamiques de distribution. Lors d’un entretien approfondi, Sarah Hemar, figure clé de l’industrie, a partagé son parcours et sa vision sur les stratégies d’exportation des productions françaises.
Un parcours au cœur de l’Audiovisuel
Sarah Hemar a débuté son parcours à l’Institut d’Études Politiques de Rennes, initialement avec l’ambition de devenir journaliste. Cependant, une rencontre déterminante l’a orientée vers la communication et l’audiovisuel. Après des expériences variées en agences de communication et de production, elle a pris la direction de TV France International en 2018, une association dédiée à la promotion des contenus audiovisuels français à l’étranger. En 2021, sous son impulsion, TV France International a fusionné avec Unifrance, un organisme historiquement axé sur le cinéma, pour unifier la représentation du secteur audiovisuel français à l’international.
Le rôle d’Unifrance dans la promotion internationale
La fusion entre TV France International et Unifrance a permis de créer une entité unique représentant les producteurs, distributeurs et artistes français à l’international. Unifrance accompagne désormais les créateurs sur toute la chaîne de valeur, de l’intelligence économique à l’organisation de marchés, en passant par le soutien à la diffusion et à la promotion des œuvres.
Les actions d’Unifrance se déclinent en plusieurs axes :
- Accompagnement des distributeurs sur les marchés internationaux, avec des événements clés tels que les Rendez-vous du Havre et Paris ou le Kidscreen aux États-Unis par exemple.
- Soutien aux artistes et aux œuvres françaises dans les festivals internationaux.
- Promotion active du contenu français, notamment via des délégations à l’étranger et des partenariats avec des organisations locales, comme le TAICCA et à Taïwan par exemple.
Les grandes tendances du marché audiovisuel
L’intervention de Sarah a mis en lumière plusieurs évolutions majeures qui impactent l’exportation des contenus français :
📉 La contraction du marché de l’animation
- L’animation, longtemps fer de lance de l’export audiovisuel français, traverse une période difficile.
- La baisse des commandes des plateformes et la transformation des modèles de distribution ont réduit les opportunités.
- Malgré cela, la France conserve une place de choix, grâce à la diversité et à la qualité de son offre.
🎬 La fiction devient le premier genre exporté
- La fiction française est devenue le principal moteur des exportations, dépassant l’animation.
- Le genre du « Light Procedural », illustré par des séries comme « HPI », « Tropiques Criminels » , s’impose à l’international.« Astrid et Raphaëlle » fonctionne très bien au Japon par exemple.
- La coproduction se développe aussi, notamment pour pallier la contraction des financements.
📊 L’impact des plateformes et du digital
- Les plateformes de streaming ont d’abord permis une exposition mondiale des œuvres françaises.
- Toutefois, elles tendent aujourd’hui à localiser leurs investissements, réduisant leur rôle dans l’export global.
- YouTube devient un acteur clé de la consommation audiovisuelle, notamment pour les contenus jeunesse, mais pose des défis en matière de rémunération des créateurs.
Les défis et perspectives pour l’exportation de l’audiovisuel Français
Sarah Hemar a également insisté sur plusieurs enjeux majeurs pour l’avenir :
🌎 Renforcer la présence sur les marchés internationaux
- Unifrance poursuit ses efforts pour diversifier ses actions et ses partenariats, partout dans le monde.
- Les producteurs sont encouragés à s’investir activement dans Unifrance pour maximiser la visibilité de leurs oeuvres.
🤝 Développer la coproduction
- Le modèle de coproduction se développe, mais soulève des questions sur la répartition des droits et l’exploitation des œuvres en France.
- Des initiatives spécifiques, comme des délégations en Corée et à Taïwan, soutiennent les collaborations internationales.
💡 Miser sur des contenus ambitieux et innovants
- L’importance de proposer des récits originaux, ambitieux et porteurs de valeurs est soulignée.
- La diversité des œuvres et des formats constitue un atout pour le rayonnement international.
- Sarah Hemar insiste sur l’impact des nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle, qui doivent être utilisées de manière responsable.
Un soft power à valoriser
L’audiovisuel français est un levier de soft power qui participe au rayonnement culturel du pays. L’action d’Unifrance et des producteurs permet de préserver une offre riche et variée, capable de séduire de nouveaux marchés malgré un contexte en mutation.
Sarah Hemar a conclu en appelant les créateurs à oser des récits innovants et à profiter pleinement des outils à leur disposition pour porter les œuvres françaises à l’international. L’avenir de l’audiovisuel français repose sur un savant équilibre entre créativité, stratégie et adaptation aux nouvelles dynamiques du marché
Merci à l’école EICAR pour son accueil et merci à Sarah Hemar pour son intervention complète et éclairante !
