Les 23 et 24 avril derniers, The Media Faculty accueillait les participants de la Masterclass Nouvelle Fiction Française : « La fiction dans tous ses états » à Commune Image, Saint-Ouen. L’événement a été un véritable incubateur d’idées et de discussions enrichissantes pour ces professionnels de l’audiovisuel et des médias. Sur deux jours de conférences et de panels, les intervenants (professionnels et représentants des acteurs du milieu) ont exploré les multiples facettes de la création de contenu en France, des défis de la production locale à l’ère de la mondialisation aux implications de l’intelligence artificielle et des droits d’auteur.
Nous vous proposons un bilan des thèmes et conclusions investis et générés au cours des 15 ateliers, toujours modérés par Jennifer Sabbah :
Atelier 1 : Les spécificités de la fiction « à la française«
L’atelier a offert un aperçu enrichissant des spécificités de la fiction française, mettant en lumière à la fois les défis et les opportunités dans un marché de plus en plus globalisé. Les échanges entre Iris Bucher et Emmanuel Garcia ont permis de mieux comprendre comment les créateurs français naviguent entre tradition et innovation pour captiver des audiences diversifiées.
Atelier 2 : Netflix et le marché français
Damien Couvreur, VP et head of original series de Netflix France a partagé la stratégie de la plateforme pour s’adapter et prospérer sur le marché français, en mettant l’accent sur les collaborations avec les créateurs locaux pour produire des contenus authentiques et engageants.
Atelier 3 : La relations auteur / producteur / diffuseur a-t-elle évolué?
Thomas Mansuy, Mathieu Leblanc, Nathalie Laurent et Anne Didier ont révélé les coulisses de la collaboration fructueuse entre auteurs, producteurs et diffuseurs pour créer « Panda« , une série qui a rencontré un grand succès sur TF1 grâce notamment à une écriture spécifique et une liberté créative accordée aux auteurs par les parties prenantes.
Atelier 4 : Intelligence Artificielle et écriture : quelle réalité et quels risques?
L’atelier a mis en lumière les défis complexes et les opportunités que présente l’intégration de l’IA dans le secteur de la création de contenu. Les opinions varient largement, des visions optimistes sur l’avenir de la création assistée par l’IA aux préoccupations sérieuses concernant l’éthique, l’économie et l’impact sur les emplois. La nécessité d’une régulation et d’un débat continu est clairement soulignée par Frédéric Krivine et David Defendi, ainsi que l’importance de préserver une certaine humanité dans le processus créatif malgré l’avancement technologique.
Atelier 5 : Les problèmes induits par l’IA générative dans la création (éthiques et juridiques)
L’atelier a exploré les défis juridiques posés par l’IA, la protection des créateurs et l’impact sur les métiers traditionnels, appelant à une réponse réglementaire adaptative. Karine Riahi et Stephan Kalb sont notamment revenus sur le « IA Act » de 2024 critiqué pour son manque de précision, et le débat sur la légitimité d’une protection des créations de l’IA.
Atelier 6 : Max
Véra Peltekian s’est intéressée à la stratégie éditoriale d’une plateforme de streaming, mettant l’accent sur la création de séries récurrentes et non disruptives avec une forte aspiration à la qualité et à la pérennité dans le paysage audiovisuel contemporain.
Atelier 7 : Que regardent les 20 – 35 ans? Peuvent-il revenir à la télévision?
La discussion entre Francis Leduc, Barbara Maubert et Amandine Roussel a déterminé que pour atteindre le jeune public dans l’industrie audiovisuelle, il est crucial d’adopter des stratégies qui reconnaissent leurs habitudes de consommation diversifiées, leur intérêt pour des contenus bien établis et résonants socialement, et leur affinité avec des personnalités influentes. Cela requiert une approche flexible et innovante qui peut impliquer des partenariats, l’utilisation de nouvelles technologies, et un engagement constant avec les tendances actuelles.
Atelier 8 : Les diffuseurs traditionnels peuvent-ils se transformer par le biais d’une nouvelle offre?
La huitième session a été l’occasion de plonger dans les stratégies de transformation adoptées par les diffuseurs traditionnels face aux défis posés par l’évolution rapide des habitudes de consommation des médias. L’objectif était de discuter de l’adaptabilité des médias traditionnels dans un contexte de montée en puissance des plateformes numériques et de fragmentation des audiences, notamment chez les jeunes. Les trois grands diffuseurs Arte, TF1, FTV et leurs plateformes étaient représentés par Gilles Freissinier, Claire Basini et Amandine Roussel.
Atelier 9 : La quotidienne, modèle ultime ?
Cet atelier a exploré les défis et stratégies liés à la production de séries quotidiennes. Les discussions entre Stéphanie Bremond, Aurélie de Thévenard et Toma de Matteis ont porté sur la gestion logistique de grandes équipes, le rythme soutenu de production, et l’importance de l’innovation pour maintenir l’intérêt des téléspectateurs. Les séries quotidiennes, comme « ici tout commence » et « Plus Belle la vie encore », ont été utilisées comme études de cas pour illustrer la complexité de ces productions.
Atelier 10 : Évolution de la stratégie de contenu chez Disney+
Kevin Deysson, Directeur des Productions Originales de Disney, a partagé des insights précieux sur l’évolution et la stratégie de contenu de Disney+, passant d’un service familial à un contenu plus généraliste. Le studio, célèbre pour ses marques emblématiques comme Pixar, Marvel, et Star Wars, a enrichi son offre avec Star, un segment destiné à un public adulte, ajoutant une diversité de blockbusters et séries à son catalogue. L’accent a été mis sur l’importance de la production locale et de la diversification des thèmes pour toucher divers publics culturels, illustrant une stratégie de contenu inclusive et étendue.
Atelier 11 : Peut-on encore proposer et financer des productions ambitieuses dans le contexte actuel?
Cet atelier a rassemblé des professionnels de l’industrie audiovisuelle pour discuter des défis actuels dans le financement de productions ambitieuses face à un paysage médiatique en rapide évolution. Parmi les intervenants figuraient Myriam Gharbi de Oberkampf/Mediawan, Alexandre Piel de Arte.tv, et Olivier Bibas de Canal+. Chacun a apporté son expertise sur la manière dont leurs organisations s’adaptent aux nouvelles réalités économiques et compétitives du marché.
Atelier 12 : Étude de cas – La série ‘Sambre’ décortiquée
L’atelier a débuté par une discussion sur l’origine de la série « Sambre », qui s’attaque à un sujet sensible et complexe : les violences sexuelles étendues sur plusieurs décennies. Jean Xavier de Lestrade a expliqué comment, ayant déjà réalisé des documentaires sur des thèmes similaires, il a été naturellement attiré par ce projet de série, qui lui offrait la possibilité de narrer ces événements sur une longue période, marquant le passage d’une société ignorant ces violences à une société commençant à les reconnaître et à les condamner. Stéphane Massard de france.tv a partagé son expérience du côté de la diffusion, affirmant que le service public était le cadre idéal pour une série de cette envergure, qui devait être accessible au plus grand nombre sans restriction.
Atelier 13 : Amazon Studios
Elsa Rodde d’Amazon Studios a présenté les objectifs et stratégies de contenu d’Amazon, soulignant l’engagement du studio à produire des œuvres qui résonnent culturellement et émotionnellement avec un public mondial. Les défis spécifiques du streaming, comme la saturation du marché, ont également été discutés.
Atelier 14 : Le scénariste doit-il s’adapter à un monde nouveau (rooms, Intelligence Artificielle, …) ?
Lise Arif (Agent) et Pierre-Yves Mora (La Guilde des scénaristes) ont réitéré l’adaptation nécessaire des scénaristes face à des innovations telles que les writers’ rooms, l’intégration de l’intelligence artificielle dans le processus créatif, et la manière dont ces éléments influencent leur dynamique de travail et leur rémunération. Ils ont conclu en encourageant les scénaristes à se former et à s’informer sur ces évolutions, tout en participant activement aux discussions et aux décisions qui façonnent l’avenir de leur profession.
Atelier 15 : Les nouveaux diffuseurs et leurs modèles : Twitch, YouTube, TikTok
Les spécificités des plateformes numériques modernes ont été examinées avec l’expertise de Fibre Tigre et Édouard Benadava, avec un accent sur les stratégies de contenu et de monétisation adaptées à chacune. L’atelier a également abordé les défis juridiques et éthiques associés à la gestion des droits d’auteur et la protection des contenus dans l’environnement numérique.
Chaque session de cette Masterclass a contribué à une meilleure compréhension des dynamiques actuelles et futures de l’industrie audiovisuelle française, et a encouragé les participants à explorer de nouvelles avenues pour la création de contenu captivant et pertinent, enraciné dans la riche tradition de la fiction française tout en embrassant les innovations et les défis du numérique.