Le Jeudi 28 mars 2024 chez Mediawan
Le débat a été animé par Svetlana Klimoff, productrice chez CAPA et membre du Conseil d’administration du médiaClub’Elles :
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Elodie Font - Chargée des séries documentaires HBO France -
Matthieu Brière - Conseiller de programmes FTV Slash -
Lama Serhan - Chargé de programmes ARTE Numérique -
Charlotte Toledano Detaille - Productrice chez STORYNATION Productions -
Myriam Gharbi-de Vasselot - Productrice chez Oberkampf Productions
Notre débat a montré que les plateformes de streaming tendent à améliorer le traitement réservé aux femmes, dans les structures comme dans les histoires, même si elles ne sont pas assez nombreuses à proposer leurs programmes.
Trois volets ont été abordés : le public, les programmes, et l’industrie audiovisuelle.
La répartition femmes-hommes, selon les données d’audience, varie selon les genres audiovisuels. En fiction, l’audience est plutôt paritaire. A titre d’exemple, le HCE (Haut Conseil à l’Egalité) montre que la consommation de programmes entre hommes et femmes enregistre une nette différence sur deux genres : le drame et la comédie romantique (28% des femmes en regardent, seulement 12% des hommes), les programmes romantiques, séries et films d’amour (27% des femmes en regardent, contre 8% des hommes). L’aventure, l’action et la science-fiction sont davantage regardées par les hommes même s’ils ne sont pas complètement délaissées par les femmes.
En documentaire, cela dépend des thématiques. Elodie Font, chargée des séries documentaires chez HBO France, confirme cette tendance, soulignant que sur Arte, les films d’histoire et d’investigation étaient plus fréquemment visionnés et conçus par des hommes, pour un public masculin.
Lors de la discussion sur les programmes de vulgarisation scientifique d’Arte, Lama Serhan, chargée de programmes au sein de l’Unité Créations Numériques, a abordé la question de l’équilibre des genres en matière d’image et de temps de parole. Selon ses observations, bien qu’Arte s’efforce d’atteindre une parité genrée, les vidéos présentées par des femmes attirent malheureusement moins de vues que celles portées par des hommes.
Les plateformes de streaming : l’ère des femmes ?
Les streamers ont-ils été proactifs dans la création de nouveaux modèles de personnages féminins ?
Charlotte Toledano-Detaille, Myriam Gharbi de Vasselot, productrices chez Mediawan, et respectivement, l’une chez Storynation productions, et l’autre chez Oberkampf Productions, constatent une présence importante des femmes à l’écran et derrière les caméras. Elles expliquent, sur le tournage d’Escort Boys, une adaptation d’une série israélienne, que l’équipe était uniquement composée de femmes : “Avoir que des femmes sur un plateau, c’était hyper smooth, calme, ça bossait ! Les Escorts Boys qui ont témoigné étaient d’autant plus à l’aise et en confiance de ne pas avoir de regard masculin sur eux”
Matthieu Brière, quant à lui, nous explique que Split, une mini-série sur une histoire d’amour entre deux femmes, propose un female gaze avec une équipe majoritairement féminine.
Toutefois, Elodie Font fait remarquer, “9 sur 10 des personnages principaux de documentaire qu’on me propose, pour la plateforme Max, sont des hommes. Et je n’ai reçu, jusqu’à maintenant, aucune série documentaire portée par une femme”. Elle souligne que même lorsque l’histoire est racontée par une mère, une femme ou une soeur, le personnage principal demeure l’homme.
Et trop souvent, les rôles féminins demeurent souvent circonscrits aux récits de violences sexistes et sexuelles.
Par contre, chez Netflix, dans plus de la moitié (55 %) de tous les films et séries produits aux Etats-Unis entre 2018 et 2021, le rôle principal, ou l’un des rôles principaux, a été confié à une actrice.
Partout, toutefois, les œuvres de réalisatrices sont moins financées que celles de leurs homologues masculins. “Quand il y a davantage d’argent, il y a davantage d’hommes” affirme Elodie Font. Nous pouvons faire un parallèle avec l’évolution du documentaire : depuis que ce genre bénéficie de plus de financements, les hommes s’emparent de ce dernier. En témoigne une étude de l’INA qui montre que trois quarts des documentaires diffusés pour la première fois à la télévision ont été réalisés par des hommes sur les vingt dernières années. La proportion des femmes réalisatrices de documentaires sur les chaînes historiques a légèrement augmenté depuis 2019, atteignant 25% en 2022 (TF1, FTV, M6, Canal +, ARTE).
Où en sont les plateformes de streaming en termes de parité interne ?
Selon Matthieu Brière, conseiller de programmes chez FranceTv Slash, cette plateforme a atteint la parité dans ses équipes.
Pour Arte, bien qu’il n’y ait pas de quantification explicite, la plateforme affiche un index d’égalité professionnelle de 99 points.
Chez Netflix, le nombre de femmes à des postes de direction (directrices et supérieures) reste stable à 51,4 % (contre 51,2 % en 2021).
Il y a quelques années, alors qu’Elodie Font travaillait pour Arte, un programme intitulé “Et pourtant elles tournent” a été lancé. Ce programme visait à mettre en lumière les réalisatrices, souvent méconnues, en leur offrant une opportunité de visibilité dans un contexte où seules 20% des femmes réalisaient des prime time pour Arte. Cette démarche a généré pas moins de 800 propositions !
Alors, Mesdames, foncez et présentez plus de projets aux plateformes !
Merci à nos intervenant.e.s
Merci à notre partenaire Médiawan,
en particulier Anne-Claire Telle et Cassandre Farradeche,
pour leur accueil chaleureux
