Le 20 Septembre dernier, le MédiaClub’Elles a organisé un débat pour mettre en lumière des femmes qui proposent des solutions pour améliorer la représentation des femmes dans le digital.
Pour échanger sur le sujet, nous avons réuni :
– Marjorie Paillon, Fondatrice de I Love Productions, Présentatrice sur France 24 et animatrice de notre débat.
– Elise Goldfarb et Julia Layani, Co-fondatrices de @EliseJulia, Créatrices de @Fraiches et Lauréates du prix médiaClub’Elles
– Aurelie Jean, Docteur en Sciences, Présidente et Fondatrice de In Silico Veritas
– Isabelle Germain, Directrice Générale de Les Nouvelles News
Isabelle GERMAIN a vite posé le constat de départ : aujourd’hui, les femmes ne représentent que 20% du contenu médiatique. Ce chiffre n’a pas évolué depuis 1995. Et lorsque les femmes apparaissent dans les médias, c’est généralement d’une façon stéréotypée. Ainsi, la femme victime ou consommatrice côtoie son homologue masculin, figure de pouvoir ou de héros.
Alors pour que la femme conquiert le contenu médiatique, pourquoi ne pas créer un média féminin, pensé par et pour les femmes, pour évincer une bonne fois pour toutes les stéréotypes ? Isabelle GERMAIN, Elise GOLDFARD et Julia LAYANI se sont toutes les trois attelées à cette tâche, la première en créant Les nouvelles news, site d’information paritaire, et les deux autres en développant Fraiches, média qui donne la parole aux femmes.
Mais créer un média féminin n’est pas une mince affaire lorsque l’on est une femme. Pour Isabelle GERMAIN, le plus gros problème réside dans le financement : les investisseurs sont encore trop frileux à financer un média féminin qui défend une ligne éditoriale autre que la beauté.
Lorsqu’elles ont créé Fraiches, Elise GOLDFARD et Julia LAYANI se sont attaquées à la pub, qui selon elles, répand les stéréotypes et nie la diversité. Fraiches, qui donne la parole à des femmes de toutes couleurs et morphologies, est la preuve qu’un média peut générer du chiffre d’affaire, sans rentrer dans les carcans.
Parce que les médias et les annonceurs sont frileux au changement, ils perpétuent les stéréotypes et l’omerta continue de régner dans le monde médiatique. Aurélie JEAN explique cet immobilisme par le faible risque qu’encourent les médias à entretenir des discriminations. Comme en matière de comportements sexistes, la loi doit réellement sanctionner les auteurs de discrimination, pour mettre fin à l’omerta des médias qui masque la parole des femmes.
Pour Aurélie JEAN, le digital a un rôle à jouer dans la libération de la parole féminine. Il suffit de penser à #metoo et #balancetonporc, qui n’auraient jamais eu l’impact qu’on connait sans le digital. Et Aurélie JEAN d’insister « C’est grâce au numérique que les femmes peuvent prendre la parole. Il faut profiter du numérique pour changer le rapport de force ». Alors qu’aujourd’hui seules 3% de femmes développent des outils numériques, un nouveau défi est à leur portée : pour vaincre les stéréotypes, les femmes doivent être bien plus nombreuses à développer ces outils, et pour reprendre les mots d’Aurélie JEAN, « Les femmes ne doivent pas seulement être utilisatrices, elles doivent être productrices ». Ce n’est qu’en étant les actrices de la construction des outils digitaux, qu’elles amélioreront leur représentation.
Il n’en reste pas moins que ce changement doit se faire main dans la main avec les hommes. Parce que leur voix a toujours pesé, elle peut devenir une alliée de choix pour porter le message que les femmes ont à faire passer. L’objectif, c’est qu’en co-créant des outils digitaux, femmes et hommes corrigent ensemble les biais inconscients sur lesquels se construisent les stéréotypes, et qu’in fine, il n’y ait plus de média féminin, mais un média qui donne la parole à tous, car, pour reprendre les mots d’Isabelle GERMAIN, « La presse féminine est bien trop souvent un manuel de soumission volontaire ».
Vous pouvez retrouver le débat en cliquant sur le lien suivant : https://drive.google.com/file/