Publié le 30 novembre 2023 - Par la rédaction

“Comment prévenir et lutter contre le backlash dans les médias ?” Retour sur notre table ronde du 28/11/2023

Débat passionnant animé par Florence Sandis, entourée de nos invitées d’exception : Lénaïg Bredoux (Journaliste à Mediapart), Céline Daugenet (Co-fondatrice et autrice-productrice de Simone Media), Muriel Reus ( Vice présidente de MeTooMedia et fondatrice de Femmes Avec…), et Salomé Saqué (Journaliste chez Blast Media). 

Le backlash prend diverses formes, de la “gender fatigue” à la sous-évaluation, voire, au déni des discriminations que subissent encore les femmes et jusqu’aux violences directes. 
En particulier sur les réseaux sociaux, les femmes sont confrontées à un backlash violent quand elles prennent la parole pour dénoncer les agressions qu’elles subissent ou tout simplement pour s’exprimer. Salomé Saqué a ainsi connu un déferlement d’insultes sur les réseaux après avoir dit au micro de France Inter qu’elle ne souhaitait pas avoir d’enfants. Florence Porcel, la première accusatrice de PPDA, affirme avoir “ tout perdu” dans son livre.
Les accusations sont démenties par certains, et les accusés, protégés et défendus par les “boy’s club” (des groupes d’hommes généralement influents qui se soutiennent entre hommes.) 


Pourtant, la réalité est indéniable, les chiffres du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes le prouvent : 1 femme sur 5 de moins de 24 ans a déjà subi un viol ou une agression sexuelle ; forcer sa partenaire à avoir un rapport sexuel alors qu’elle refuse est perçu comme un viol par seulement 3 jeunes hommes sur 5. Et dans les médias, 8 femmes sur 10 se sentent agressées comme le souligne Muriel Reus. Des chiffres éloquents qui révèlent le manque d’action des médias, des réseaux sociaux et de certaines entreprises face aux violences sexistes et sexuelles. 

Fer de lance de ce backlash : les masculinistes, en pleine augmentation en France. Ce sont des hommes qui militent pour un retour aux valeurs traditionnelles du patriarcat, appellent violemment à l’asservissement de la femme et attaquent en horde les femmes, n’hésitant pas à aller jusqu’à des menaces de viols et de meurtre.  En communiquant de façon massive et envahissante, ils s’immiscent parfois, malheureusement, dans le discours de journalistes. 

Comment lutter alors contre le backlash, ce frein à la libération de la parole des femmes ? Il est essentiel d’abord de s’écouter, de s’entraider, d’oser prendre la parole malgré les tentatives de déstabilisation mais aussi d’embarquer les hommes, en les sensibilisant mieux aux freins et agressions que subissent les femmes. Quand certaines affaires sont médiatisées et des personnes harcelées, en particulier sur les réseaux sociaux, il est important que les journalistes soient formés à la façon d’aborder ces situations. Aussi, les réseaux sociaux devraient prévoir une régulation plus pointue des propos tenus car il est inacceptable que des femmes reçoivent des menaces de mort et de viol quand elles s’expriment. Enfin, en entreprise, l’auto-censure des femmes ne doit plus avoir sa place, et l’écoute comme la sensibilisation doivent être améliorées : les “chartes de bonne conduite” adoptées par les gouvernances des médias doivent être réellement appliquées. 

L’éducation dès le plus jeune âge est évidemment au cœur du sujet : seulement 12% des élèves bénéficient d’une éducation sexuelle de l’école au lycée, pourtant obligatoire depuis 2001. Il faudrait donc une mise en place beaucoup plus forte de cette éducation à l’école et, par exemple, un contrôle de la proportion des femmes citées dès les manuels scolaires comme le préconise le HCE. 

En somme, il ne faut cesser de sensibiliser, de prendre la parole, de s’écouter et de s’entraider. Les médias ont le devoir de montrer l’exemple par la façon d’aborder ce sujet, leurs contenus, et en pratiquant l’écriture inclusive, comme le font plusieurs journaux, tel Mediapart. 

Pour prévenir le backlash dans les médias et mieux sensibiliser les équipes éditoriales et d’encadrement aux façons d’appréhender les violences faites aux femmes, MeToo Media et Brisez le plafond de verre sont deux organisations qui proposent chacune des formations dédiées. 

Encore un immense merci aux intervenantes et aux membres présentes du médiaClub’Elles pour leur participation active. Gratitude à Mylène Romano pour son accueil et son soutien fidèle. 

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